Aller au contenu

Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chacun devrait être. On peut même ajouter que les pays catholiques ont profité du reflet des lumières que les pays protestants leur ont renvoyé ; qu’un tel préjugé, enseveli par la raison dans des contrées où un clergé ambitieux n’avait plus l’intérêt ni le crédit de le soutenir, a entraîné la honte et enfin la ruine du même préjugé dans la contrée voisine, au grand déplaisir des prêtres. Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre. C’est donc dans les pays protestants qu’il faut chercher les meilleures et les plus sages institutions pour l’instruction de la jeunesse[1].


II.

On a raison de dire qu’il faut trois sortes d’écoles dans un pays bien policé.


III.

Les premières écoles sont les basses, les écoles à lire, à écrire et à compter. En Allemagne on les appelle Lese-Schreib und Rechen-Schulen[2]. Ces écoles y sont même séparées. On

  1. En vertu de ce premier paragraphe, je prends la liberté de conseiller à S. M. I. de faire communiquer ses vues à quelques professeurs des universités de Leipsick, de Gœttingue, de Leyde, d’Oxford, d’Édimbourg, de Glasgow. Il y aura peut-être dans leurs plans beaucoup de pédanteries ; mais Dieu, qui a favorisé son ointe de tous les dons, et, entre autres, de celui du laisser et du prendre, lorsqu’il le faut et comme il le faut, aura bientôt secoué entre ses mains augustes la poussière du pédantisme pour n’y laisser que le bon grain. J’ose recommander très-particulièrement M. le docteur Ernesti, à Leipsick, homme d’un mérite éminent, qui, ayant été toute sa vie occupé de l’éducation de la jeunesse dans toutes les espèces d’écoles, est plus capable que qui que ce soit de dresser un plan excellent. Il peut l’écrire en allemand. Si S. M. I. daigne le consulter, je ne demande, pour prix de l’avoir indiqué, que la faveur de lui être nommé comme celui qui l’a indiqué à S. M. Dans les universités d’Écosse, il y a aussi d’excellentes têtes à consulter. (Diderot.)
  2. J’observe qu’il serait bon, dans ces Lese-Schreib und Rechen-Schulen, de pousser l’instruction plus loin qu’elle ne va communément en Allemagne, et d’y faire enseigner, par exemple, à ceux qui se destinent aux professions mécaniques et au commerce, la manière de tenir les livres en parties doubles, la science du change, et tout ce qu’il est bon, dans ces professions, de savoir pour y devenir plus habile en moins de temps. (Diderot.) — Cette érudition de Diderot à propos du