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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/449

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ou faible, lent ou vite, large ou serré, régulier ou sautillant, élevé ou concentré ? Quelle description assez vigoureuse peut donner la notion précise d’une sanie mûre ou crue, de bonne ou de mauvaise qualité, vieille ou nouvelle, alcalescente ou acrimonieuse ? Un jeune médecin fait donc ses premiers essais sur nous, et ne devient un homme habile qu’à force d’assassinats[1].

Nous avons écorché le centaure jusqu’aux genoux, mais le vieil animal marche en traînant sa peau.


INSTITUTION D’UNE NOUVELLE UNIVERSITÉ.

Ce qui concerne l’éducation publique n’a rien de variable, rien qui dépende essentiellement des circonstances. Le but en sera le même dans tous les siècles : faire des hommes vertueux et éclairés.

L’ordre des devoirs et des instructions est aussi inaltérable que le lien des connaissances entre elles. Procéder de la chose facile à la chose difficile ; aller depuis le premier pas jusqu’au dernier, de ce qui est le plus utile à ce qui l’est moins, de ce qui est nécessaire à tous à ce qui ne l’est qu’à quelques-uns ; épargner le temps et la fatigue, ou proportionner l’enseignement à l’âge et les leçons à la capacité moyenne des esprits.


PRÉCAUTION IMPORTANTE.

Si le plan général est au-dessus des ressources du moment, attendre d’un avenir plus favorable son entière et parfaite exécution, mais ne rien abandonner au caprice de l’avenir ; en user avec une maison d’éducation publique comme en use un architecte intelligent avec un propriétaire borné dans ses moyens ; si celui-ci n’a point de quoi fournir subitement aux frais de tout l’édifice, l’autre creuse des fondements, pose les premières pierres, élève une aile, et cette aile est celle qu’il fallait d’abord élever ; et lorsqu’il est forcé de suspendre son travail, il laisse à la partie construite des pierres d’attente qui se

  1. Il n’y avait point, au temps de Diderot, de chaires de clinique en France ; Boerhaave à Leyde, Stahl à Vienne, avaient cependant donné l’exemple. Turgot avait tenté cette réforme, mais ce ne fut qu’à la fin de la Révolution qu’elle fut appliquée. Corvisart, médecin du Directoire, fut le premier maître de la clinique créée à l’hôpital de la Charité.