Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/503

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temps les plus voisins en remontant jusqu’aux siècles de la fable, ou la mythologie. C’est le sentiment de Grotius. « En général, dit-il, ne pas commencer par des faits surannés qui nous sont indifférents, mais par des choses plus certaines, et qui nous touchent de plus près, et s’avancer de là peu à peu vers l’origine des temps[1]. » Voilà ce qui nous semble plus conforme à un véritable enseignement, c’est l’étude des faits soumis à notre principe général : et pourquoi en serait-elle une exception ?

Sans la mythologie, on n’entend rien aux auteurs anciens, aux monuments, ni à la peinture, ni à la sculpture, même modernes, qui se sont épuisées à remettre sous nos yeux les vices des dieux du paganisme, au lieu de nous représenter les grands hommes.

Quelques-uns penseront peut-être que la connaissance de l’histoire devrait précéder celle de la morale. Je ne puis être de leur avis : il me semble qu’il est utile et convenable de posséder la notion du juste et de l’injuste, avant la connaissance des actions, des personnages et de l’historien même, auxquels on doit l’appliquer.

Lorsqu’on a dit de la géographie et de la chronologie qu’elles étaient les deux yeux de l’histoire, on a tout dit.

Je désirerais qu’on diminuât la sécheresse de l’étude du globe par quelques détails sur les religions, les lois, les mœurs, les usages bizarres, les productions naturelles et les ouvrages des arts.

L’Anglais Martin[2] a ébauché cette tâche.

Il y a la géographie ancienne et la géographie moderne : il n’en faut point faire des études séparées : il en coûterait si peu pour joindre au nom d’une ville ou d’une rivière celui qu’elle portait autrefois.

  1. « Cette idée était très-populaire du temps de Diderot ; il nous est impossible de concevoir une manière raisonnable de l’appliquer. Nous avons, au reste, annoncé d’avance que nous étions loin de partager toutes les opinions contenues dans ce morceau ; nous n’avons voulu que les faire connaître, autant que le permettent les convenances que nous nous sommes imposé de respecter. » (Note de M. Guizot.)
  2. William Martin, d’abord acteur, puis naturaliste, a écrit plusieurs bons ouvrages de géologie.