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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/530

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À peine l’Université fut-elle établie parmi nous que le nombre de ses collèges s’accrut sans mesure ; les grands seigneurs suivirent l’exemple du souverain et ils en fondèrent que nous détruisons aujourd’hui.

Je ne pense pas qu’il soit encore temps, pour la Russie, de susciter cette espèce d’émulation parmi les grands ; s’il arrivait qu’elle les gagnât, peut-être faudrait-il l’arrêter. Il y a deux sortes d’écoles publiques : les petites écoles ouvertes à tous les enfants du peuple au moment où ils peuvent parler et marcher ; là ils doivent trouver des maîtres, des livres et du pain, des maîtres qui leur montrent à lire, à écrire et les premiers principes de la religion et de l’arithmétique ; des livres dont ils ne seraient peut-être pas en état de se pourvoir ; du pain[1] qui autorise le législateur à forcer les parents les plus pauvres d’y envoyer leurs enfants.

Au sortir de ces petites écoles, ces jeunes enfants ou se renfermeront dans la maison paternelle pour y apprendre quelque métier, ou se présenteront aux collèges de l’Université dont j’ai tracé le plan et dont je vais esquisser la police.


POLICE GÉNÉRALE D’UNE UNIVERSITÉ ET POLICE PARTICULIÈRE D’UN COLLÈGE.


Une université doit avoir un chef ou un inspecteur général des mœurs et des études.

Cette fonction doit être remplie par un homme d’État, distingué, expérimenté et sage. C’est à son tribunal que seront portées toutes les affaires contentieuses, pour être décidées en dernier ressort par Sa Majesté Impériale ou par son conseil.

Le premier pas de la sagesse de nos jours a été de rapporter tout à la culture de la terre ; le second pas qui lui reste à faire, c’est de sentir l’importance de l’éducation publique ou de la culture de l’homme.

Qu’il ne se fasse aucune innovation ni dans l’ordre des études ni dans les règlements, sans la sanction expresse de la souveraine.

Que ces règlements soient examinés et confirmés tous les

  1. C’est peut-être là, en effet, une des nécessités de l’enseignement obligatoire.