Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, III.djvu/549

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nous suivriez au Grand-Val ; mais vous aimerez mieux écrire un billet doux ou même une belle page que de faire une bonne œuvre. Nous avons peut-être pris l’un et l’autre en nous-mêmes la diversité de nos opinions. Il m’en coûte beaucoup pour être éloquent, il ne m’en coûte presque rien pour être bon ; je suis bon quand on veut et tant qu’on veut ; pour éloquent, c’est autre chose. Je n’ai mémoire de l’avoir été qu’une fois, mais dans ce moment je n’aurais pas été fâché d’être entendu de Démosthène ou de Cicéron, ce fut le jour que je visitai le Théologal de Notre-Dame[1] : je fis alors une belle page comme tous les hommes peuvent faire une belle action.

Mais l’être rare par excellence, c’est celui qui réunit la force qui fait agir et le génie qui fait dire grandement, celui à qui j’obéissais en remplissant cette tâche. Je vous supplie, mon amie, de la lui faire passer promptement et telle que la voilà.

  1. Voyez Mémoires de Mme  de Vandeul, t. Ier, p. xlviii, xlix.