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LA MOÏSADE




Il parut, vers 1768, sous le titre : Lettre de Thrasibule à Leucippe, ouvrage posthume de M. F....., à Londres, sans date, un volume in-12, dont le véritable auteur est encore discuté. Des divers ouvrages de polémique religieuse mis sur le compte de l’académicien Fréret, c’est pourtant le seul que les bibliographes, sur l’autorité de A.-A. Barbier, lui attribuent toujours. Il est vrai que Barbier cite pour ses garants, non-seulement Naigeon, qui peut être repoussé comme intéressé dans la question, mais le baron de Sainte-Croix, s’appuyant sur Foncemagne qui avait vu le manuscrit de la main de Fréret. Cependant M. Walckenaer, dans son Examen critique des ouvrages composés par Fréret, rapport lu devant l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans les séances des 5-22 février, 1er, 8 et 15 mars 1850, se refuse absolument à reconnaître cette paternité. Pour l’honneur de l’Académie, il ne veut pas que Fréret ait pu être un seul instant philosophe, même dans le but d’empêcher sa sœur d’entrer en religion malgré lui et « peut-être malgré elle, » comme dit Naigeon. Il faut avouer que beaucoup des raisons de M. Walckenaer sont bonnes pour enlever à son client au moins la rédaction définitive de la Lettre, mais il nous paraît difficile qu’elles lui en retirent également le fond et la pensée. Quoi qu’il en soit, comme il ne suffisait pas au savant secrétaire perpétuel de dire : « Ce n’est pas Fréret, » et qu’il lui fallait ajouter : « C’est tel autre ; » il n’hésite point à mettre le volume sur le compte de Diderot, aidé par Naigeon pour les notes et citations, que celui-ci a en effet signées dans la reproduction qu’il a insérée de la Lettre de Thrasibule dans l’Encyclopédie méthodique, article Fréret (Philosophie de).

Cette attribution ne peut être acceptée ainsi d’emblée. Il n’y a presque rien, selon nous, de ce qui caractérise la manière de Diderot dans la Lettre : Naigeon l’aura gâtée ; mais il nous a semblé reconnaître au moins les défauts du philosophe dans un morceau qui complète le volume : la Moïsade.