plaisirs, de préparer la fête, et de ne distribuer que quatre mille billets. On savait apparemment là, mieux qu’ailleurs, la place que pouvaient occuper six mille personnes.
En attendant l’heure du bal, Sélim, Mangogul et la favorite se mirent à parler nouvelles.
« Madame sait-elle, dit Sélim à la favorite, que le pauvre Codindo est mort ?
— En voilà le premier mot : et de quoi est-il mort ? demanda la favorite.
— Hélas ! madame, lui répondit Sélim, c’est une victime de l’attraction. Il s’était entêté, dès sa jeunesse, de ce système, et la cervelle lui en a tourné sur ses vieux jours.
— Et comment cela ? dit la favorite.
— Il avait trouvé, continua Sélim, selon les méthodes d’Halley et de Circino, deux célèbres astronomes du Monoémugi, qu’une certaine comète qui a tant fait de bruit sur la fin du règne de Kanoglou, devait reparaître avant-hier ; et dans la crainte qu’elle ne doublât le pas, et qu’il n’eût pas le bonheur de l’apercevoir le premier, il prit le parti de passer la nuit sur son donjon, et il avait encore hier, à neuf heures du matin, l’œil collé à la lunette. Son fils, qui craignait qu’il ne fût incommodé d’une si longue séance, s’approcha de lui sur les huit heures, le tira par la manche et l’appela plusieurs fois :
« Mon père, mon père ; » point de réponse « Mon père, mon père, » réitéra le petit Codindo.
« — Elle va passer, répondit Codindo ; elle passera. Oh ! parbleu, je la verrai !
« — Mais, vous n’y pensez pas, mon père, il fait un brouillard effroyable…
« — Je veux la voir ; je la verrai, te dis-je.
« Le jeune homme, convaincu par ces réponses, que son malheureux père brouillait, se mit à crier au secours. On vint ; on envoya chercher Farfadi, et j’étais chez lui, car il est mon médecin, lorsque le domestique de Codindo est arrivé…
« Vite, vite, monsieur, dépêchez-vous ; le vieux Codindo, mon maître…
« — Eh bien ! qu’y a-t-il, Champagne ? Qu’est-il arrivé à ton maître ?