« — Et avec qui ? demanda-t-elle avec empressement.
« — Vous connaissez Martéza ?
« — Oui, sans doute ; c’est une femme fort aimable.
« — Eh bien ! après avoir tout tenté vainement pour vous plaire, je me suis retourné de ce côté-là. On me désirait depuis plus de six mois, deux entrevues m’ont aplani les approches ; une troisième achèvera mon bonheur, et ce soir Martéza m’attend à souper. Elle est d’un commerce amusant, légère, un peu caustique ; mais du reste, c’est la meilleure créature du monde. On fait mieux ses petites affaires avec ces folles-là, qu’avec des collets montés, qui…
« — Mais, seigneur, interrompit Cydalise, la vue baissée, en vous faisant compliment sur votre choix, pourrait-on vous observer que Martéza n’est pas neuve, et qu’avant vous elle a compté des amants ?…
« — Qu’importe, madame ? repris-je ; si Martéza m’aime sincèrement, je me regarderai comme le premier. Mais l’heure de mon rendez-vous approche, permettez…
« — Encore un mot, seigneur. Est-il bien vrai que Martéza vous aime ?
« — Je le crois.
« — Et, vous l’aimez ? ajouta Cydalise.
« — Madame, lui répondis-je, vous m’avez jeté vous-même dans les bras de Martéza ; c’est vous en dire assez. »
« J’allais sortir ; mais Cydalise me tira par mon doliman, et se retourna brusquement.
« Madame me veut-elle quelque chose ? a-t-elle quelque ordre à me donner ?
« — Non, monsieur ; comment, vous voilà ? Je vous croyais déjà bien loin.
« — Madame, je vais doubler le pas.
« — Sélim…
« — Cydalise…
« — Vous partez donc ?
« — Oui, madame.
« — Ah ! Sélim, à qui me sacrifiez-vous ? L’estime de Cydalise ne valait-elle pas mieux que les faveurs d’une Martéza ?
« — Sans doute, madame, lui répliquai-je, si je n’avais eu pour vous que de l’estime. Mais je vous aimais…