Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/461

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la marquise.

Le mérite perpétuellement bafoué.

saint-alban.

Du matin au soir la sottise encensée.

la marquise.

En bonne foi, cela peut-il se supporter ?

saint-alban.

Je ne comprends pas ce que l’on fait dans ce monde, ni comment on peut y rester.

la marquise.

Il faut être insensé pour aimer la vie ; il y a longtemps que je le pense. Mais, heureusement pour vous, vous aurez bientôt l’espérance d’en sortir, votre santé est si délabrée.

saint-alban, avec dépit.

Eh ! de par tous les diables, elle est parfaitement rétablie.

la marquise.

Quoi, tous ces maux que je vous ai vus…

saint-alban, d’un air d’impatience.

Sont totalement détruits. Je dors à merveille, j’ai le meilleur appétit du monde, et rien ne m’incommode ; je suis même très-robuste à présent.

la marquise, d’un air de compassion.

Je vous plains. Il est vrai que votre visage annonce la santé. Votre mère doit être bien satisfaite de vous voir aussi bien ; car vous êtes son idole.

saint-alban, avec transport.

Ah! c’est la plus digne femme...

la marquise.

Un peu capricieuse, n’est-ce pas ?

saint-alban.

Mais non, pas trop. Elle a de l’humeur, j’en conviens ; mais c’est toujours quelque motif d’intérêt pour ma sœur ou pour moi qui lui en donne. Eh ! quel est l’enfant assez dénaturé pour ne pas chérir l’effet d’un tel motif, quel qu’il soit ?