Si la somme de toute la richesse nationale était connue, charme particulier saurait quelle portion de cette dette il aurait à acquitter. Il dirait : Toute la richesse nationale doit tant à la misère publique ; donc la portion de la richesse nationale que je possède doit tant à la misère publique que j’ai à soulager. Me suivez-vous ?
Oui, mon père, à merveille.
Vous convenez donc bien que ce qu’il donnerait de moins serait un vol fait aux pauvres ? Il ne commencerait à être humain, généreux, bienfaisant qu’en donnant au delà.
Eh bien ! oui, mon père ; mais la somme de la misère publique n’est pas connue.
Ajoutez que chacun ignorant sa dette, on ne s’acquitte point, ou l’on s’acquitte mal. Quand on a jeté un liard dans le chapeau d’un pauvre, on se tient quitte. Voilà pourquoi, mon enfant, il vaut mieux faire trop que trop peu.
Mais ne doit-on pas plus à ses héritiers qu’à des inconnus ?
Sans doute ; mais les bornes de ce qu’on leur doit sont aisées à prescrire. Le nécessaire de leur état ; voilà tout, et ils ne sont point en droit de se plaindre.
Vos principes me paraissent bien sévères. Combien vous condamnez de riches !
Moi-même, je n’ai peut-être pas satisfait à mon devoir aussi rigoureusement que je le devais ; mais j’ai fait de mon mieux. J’aurais pu, comme tous ceux de mon rang, avoir des équipages de chasse, nombre de domestiques et de chevaux inutiles ; mais j’ai mieux aimé nourrir et habiller douze pauvres de plus tous les hivers. Depuis que vous êtes répandue dans le monde, vous