Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IX.djvu/252

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REPONSE DE M. PETIT, DOCTEUR EN MÉDECINE AU PROBLÈME PRÉCÉDENT

Il est vrai, monsieur, que les maladies du corps, ainsi que celles de l’âme, produisent des altérations sensibles dans la conformation de nos parties extérieures. Il est vrai que l’habitude de certains exercices produit le même effet ; il ne l’est pas moins que c’est à la physiologie à rechercher, à déterminer les causes de ces altérations, ce qu’elle ne saurait faire sans le secours de l’anatomie, mais je ne pense pas que l’étude profonde de cette dernière science soit nécessaire à ceux qui s’adonnent aux arts plastiques, ni qu’elle soit propre à perfectionner ces arts ; il suffît, à mon avis, pour remplir cet objet, de voir et d’observer avec attention.

Les bossus ont la tête grosse, les yeux vifs, la physionomie spirituelle et maligne, le tronc court, ramassé, décharné, les extrémités longues, grêles et faibles. L’anatomie nous fait voir que chez tous les bossus l’épine est plus ou moins courbée en devant, en arrière ou sur les côtés. La physiologie rend raison de ce qui se passe en eux, en disant que, par la courbure de l’épine, la moelle et les nerfs sont comprimés, que cette compression retarde la marche et l’influx de l’esprit vital vers les parties inférieures, lesquelles à cause de cela se nourrissent moins et restent grêles et faibles ; la même pression qui produit cet effet force l’esprit vital de s’arrêter plus longtemps et de s’amasser en plus grande quantité au-dessus de la torsion de l’épine, ce qui hâte le développement de la tête et lui fait prendre un degré d’accroissement plus prompt et plus rapide ; ce qui lui donne plus de volume, anime les yeux, caractérise la physionomie, etc. Si la pression est portée plus haut, les extrémités inférieures sont paralytiques et le cerveau accablé sous la masse de l’esprit qui le surcharge ne peut en faire une convenable répartition, d’où il arrive