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ÉLÉMENTS DE PHYSIOLOGIE.

VÉGÉTAUX.

En Italie, M. Beccari, et en Alsace, à Strasbourg, MM. Kessel et Mayer, voulurent connaître les parties constituantes de la farine ; ils la lavèrent à plusieurs eaux, ils en séparèrent l’amidon, ils en tirèrent une substance qui ressemble beaucoup aune substance animale[1].

Aussitôt M. Rouelle, à Paris, M. Macquer et les plus savants de nos chimistes reprirent ces expériences et les poussèrent aussi loin qu’elles purent aller. Ils trouvèrent que l’amidon ne contenait, pour bien dire, que les parties végétales de la farine ; qu’en l’enlevant il restait un gluten qu’ils appelèrent végéto-animal[2]. Toutes ses parties sont si rapprochées, si liées entre elles qu’on ne peut les séparer. Quand on le tire, il s’étend dans tous les sens ; et quand on l’abandonne, il se replie sur lui-même et il reprend sa première forme, comme fait le tissu de la peau, qui tour à tour s’étend et se resserre. Si on le brûle, il se grille comme la chair et répand l’odeur des matières animales.

animal-plante.

Le polype retourné ; il tend à reprendre sa forme première ; un fil l’en empêche-t-il ? il prend son parti : il reste et vit retourné[3].

animal et plante.

Qu’est-ce qu’un animal, une plante ? Une coordination de molécules infiniment actives, un enchaînement de petites forces vives que tout concourt à séparer.

Est-il donc étonnant que ces êtres passent si vite ?

plantes.

Dans l’arbre, les racines deviennent tiges, et les tiges deviennent racines.

  1. Le gluten fut découvert en 1742 par Beccari, à Bologne.
  2. MM. Dumas et Cahours ont tiré du gluten une substance grasse, filamenteuse, qu’ils ont nommée fibrine végétale, ce qui représente le même accouplement de mots.
  3. Expériences de Tremblay sur les polypes d’eau douce, publiées en 1744.