Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IX.djvu/65

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                Sans consulter votre voisin.
Dans les bras de l'Amour, au sein de la Folie,
                Vous avez assez prudemment
                Pris, en avancement d’hoirie,
Sur les biens à venir les plaisirs du moment :
                Je vous en fais mon compliment ;
Et ma raison, c’est que dans certaine écriture,
Où, comme vous savez, celui qui la dicta
                N’inséra pas un iota
                Qui ne fût la vérité pure,
L'élite des bons cœurs et des esprits bien faits
        Voit, en dépit de la cagoterie,
                Le ciel promis en cent versets
                À qui mène une bonne vie.
                Or je veux mourir si j’en sais
                Une meilleure que la vôtre.
                Vous vous êtes donc assuré,
                N’en déplaise à votre curé,
Le paradis en ce monde et dans l’autre.
                Je fais grand cas de ce dernier.
Au firmament, en l’air, occuper une place,
S'extasier, chanter hosanna, face à face
Contempler le bon Dieu, n’est pas à dédaigner.
                Toutefois, sans impatience,
                Vous attendez la jouissance
                De ce bonheur, et vous ferez
Visite à l’Éternel si tard que vous pourrez.