Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/499

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mais elle fut dès lors plus mélodieuse, elle eut plus de vérité et elle sut, sous cette forme rajeunie, charmer les nouvelles générations. »

M. Adolphe Jullien (la Musique et les Philosophes au XVIIIe siècle, Paris, Baur, 1873) dit : « Si Diderot prit parti pour les Bouffons, ce fut, croyons-nous, bien moins par conviction que par mode… il serait difficile de définir mieux que ne le fait Diderot, l’expression dramatique que doit renfermer tout morceau pour être véritablement beau… Mais ne semble-t-il pas, à lire ces principes, que l’auteur avait en vue les grandes scènes des maîtres de la musique française, de Lulli, de Campra, de Rameau ?… C’est, au contraire, dans les opéras-comiques de Duni, de Philidor qu’il prétend en trouver l’application. Diderot offre les airs de l’Île des fous comme des modèles de déclamation. Or Duni était en France depuis trois ans, lorsqu’il fit représenter cet ouvrage le 27 décembre 1760. Il avait singulièrement corrigé son style depuis son arrivée. Le talent de Duni a subi deux influences très-distinctes, et Diderot n’en a reconnu qu’une… Il ressort clairement de la comparaison des ouvrages écrits par Duni en Italie avec ceux composés en France, qu’il doit précisément aux modèles de l’opéra français cette vérité, que Diderot regardait comme l’essence même de la musique. »

Nous n’en dirons pas davantage, mais nous croyons qu’on a peut-être trop considéré comme étant l’opinion de Diderot celle qu’il met dans la bouche de son interlocuteur. Nous le voyons, en effet, le plus souvent, ailleurs que dans cette satire, citer Rameau et Campra.