qu’elles m’ont écrit de votre persécution avec amertume, et voilà leur lettre… »
La lettre qu’on donnait à lire au marquis avait été concertée entre elles. C’était la d’Aisnon fille qui paraissait l’avoir écrite par ordre de sa mère : et l’on y avait mis, d’honnête, de doux, de touchant, d’élégance et d’esprit, tout ce qui pouvait renverser la tête du marquis. Aussi en accompagnait-il chaque mot d’une exclamation ; pas une phrase qu’il ne relût ; il pleurait de joie ; il disait à Mme de La Pommeraye : « Convenez donc, madame, qu’on n’écrit pas mieux que cela.
J’en conviens.
Et qu’à chaque ligne on se sent pénétré d’admiration et de respect pour des femmes de ce caractère !
Cela devrait être.
Je vous tiendrai ma parole ; mais songez, je vous en supplie, à ne pas manquer à la vôtre.
En vérité, marquis je suis aussi folle que vous. Il faut que vous ayez conservé un terrible empire sur moi ; cela m’effraye.
Quand la verrai-je ?
Je n’en sais rien. Il faut s’occuper premièrement du moyen d’arranger la chose, et d’éviter tout soupçon. Elles ne peuvent ignorer vos vues ; voyez la couleur que ma complaisance aurait à leurs yeux, si elles s’imaginaient que j’agis de concert avec vous… Mais, marquis, entre nous, qu’ai-je besoin de cet embarras-là ? Que m’importe que vous aimiez, que vous n’aimiez pas ? que vous extravaguiez ? Démêlez votre fusée vous-même. Le rôle que vous me faites faire est aussi trop singulier.
Mon amie, si vous m’abandonnez, je suis perdu ! Je ne vous parlerai point de moi, puisque je vous offenserais ; mais je vous