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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/207

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Un des assistants.

Il est certain que cela ne fait pas mourir ; au contraire.

La dame.

En vérité, dès qu’il y a du danger on devrait satisfaire à ces devoirs-là. Les malades ne conçoivent pas apparemment combien il est dur pour ceux qui les entourent, et combien cependant il est indispensable de leur en faire la proposition !

Le docteur.

Je sors de chez un malade qui me dit, il y a deux jours : « Docteur, comment me trouvez-vous ?

— Monsieur, la fièvre est forte, et les redoublements fréquents.

— Mais croyez-vous qu’il en survienne un bientôt ?

— Non, je le crains seulement pour ce soir.

— Cela étant, je vais faire avertir un certain homme avec lequel j’ai une petite affaire particulière, afin de la terminer pendant que j’ai encore toute ma tête… » Il se confessa, il reçut tous ses sacrements. Je revins le soir, point de redoublement. Hier il était mieux ; aujourd’hui il est hors d’affaire. J’ai vu beaucoup de fois dans le courant de ma pratique cet effet-là des sacrements.

Le malade, à son domestique.

Apportez-moi mon poulet.

Jacques.

On le lui sert, il veut le couper et n’en a pas la force ; on lui en dépèce l’aile en petits morceaux ; il demande du pain, se jette dessus, fait des efforts pour en mâcher une bouchée qu’il ne saurait avaler, et qu’il rend dans sa serviette ; il demande du vin pur ; il y mouille les bords de ses lèvres, et dit : « Je me porte bien… » Oui, mais une demi-heure après il n’était plus.

Le maître.

Cette dame s’y était pourtant assez bien prise… et tes amours ?

Jacques.

Et la condition que vous avez acceptée ?

Le maître.

J’entends… Tu es installé au château de Desglands, et la vieille commissionnaire Jeanne a ordonné à sa jeune fille