Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/227

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est que j’avouai à dame Marguerite que ce qu’elle croyait m’apprendre ce jour-là, dame Suzon me l’avait appris, un peu diversement, à la vérité, il y avait trois ou quatre jours. Le fait est qu’elle me dit : « Quoi ! c’est Suzon et non pas moi ?… » Le fait est que je répondis : « Ce n’est ni l’une ni l’autre. » Le fait est que, tout en se moquant d’elle-même, de Suzon, des deux maris, et qu’en me disant de petites injures, je me trouvai sur elle, et par conséquent elle sous moi, et qu’en m’avouant que cela lui avait fait bien du plaisir, mais pas autant que de l’autre manière, elle se retrouva sur moi, et par conséquent moi sous elle. Le fait est qu’après quelque temps de repos et de silence, je ne me trouvai ni elle dessous, ni moi dessus, ni elle dessus, ni moi dessous ; car nous étions l’un et l’autre sur le côté ; qu’elle avait la tête penchée en devant et les deux fesses collées contre mes deux cuisses. Le fait est que, si j’avais été moins savant, la bonne dame Marguerite m’aurait appris tout ce qu’on peut apprendre. Le fait est que nous eûmes bien de la peine à regagner le village. Le fait est que mon mal de gorge est fort augmenté, et qu’il n’y a pas d’apparences que je puisse parler de quinze jours.

Le maître.

Et tu n’as pas revu ces femmes ?

Jacques.

Pardonnez-moi, plus d’une fois.

Le maître.

Toutes deux ?

Jacques.

Toutes deux.

Le maître.

Elles ne se sont pas brouillées ?

Jacques.

Utiles l’une à l’autre, elles s’en sont aimées davantage.

Le maître.

Les nôtres en auraient bien fait autant, mais chacune avec son chacun… Tu ris.

Jacques.

Toutes les fois que je me rappelle le petit homme criant, jurant, écumant, se débattant de la tête, des pieds, des mains,