son bras, et l’animal paissait l’herbe autour du dormeur, autant que la longueur de la bride le lui permettait.
Aussitôt que le lieutenant général aperçut Jacques, il s’écria : « Eh ! c’est toi, mon pauvre Jacques ! Qu’est-ce qui te ramène seul ici ?
— La montre de mon maître : il l’avait laissée pendue au coin de la cheminée, et je l’ai retrouvée dans la balle de cet homme ; notre bourse, que j’ai oubliée sous mon chevet, et qui se retrouvera si vous l’ordonnez.
— Et que cela soit écrit là-haut… », ajouta le magistrat.
À l’instant il fit appeler ses gens : à l’instant le porteballe montrant un grand drôle de mauvaise mine, et nouvellement installé dans la maison, dit : « Voilà celui qui m’a vendu la montre. »
Le magistrat, prenant un air sévère, dit au porteballe et à son valet : « Vous mériteriez tous deux les galères, toi pour avoir vendu la montre, toi pour l’avoir achetée… » À son valet : « Rends à cet homme son argent, et mets bas ton habit sur le champ… » Au porteballe : « Dépêche-toi de vider le pays, si tu ne veux pas y rester accroché pour toujours. Vous faites tous deux un métier qui porte malheur… Jacques, à présent il s’agit de ta bourse. » Celle qui se l’était appropriée comparut sans se faire appeler ; c’était une grande fille faite au tour. « C’est moi, monsieur, qui ai la bourse, dit-elle à son maître ; mais je ne l’ai point volée : c’est lui qui me l’a donnée.
— Je vous ai donné ma bourse ?
— Oui.
— Cela se peut, mais que le diable m’emporte si je m’en souviens… »
Le magistrat dit à Jacques : « Allons, Jacques, n’éclaircissons pas cela davantage.
— Monsieur…
— Elle est jolie et complaisante à ce que je vois.
— Monsieur, je vous jure…
— Combien y avait-il dans la bourse ?
— Environ neuf cent dix-sept livres.
— Ah ! Javotte ! neuf cent dix-sept livres pour une nuit, c’est beaucoup trop pour vous et pour lui. Donnez-moi la bourse… »