Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/85

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Jacques.

Et que voulez-vous que je fasse là ?

Le maître.

Je veux que tu te reposes.

Jacques.

Mon avis, à moi, est que nous déjeunions et que nous partions.

Le maître.

Et le cheval ?

Jacques.

Je l’ai laissé chez son maître, honnête homme, galant homme, qui l’a repris pour ce qu’il nous l’a vendu.

Le maître.

Et cet honnête homme, ce galant homme, sais-tu qui il est ?

Jacques.

Non.

Le maître.

Je te le dirai quand nous serons en route.

Jacques.

Et pourquoi pas à présent ? Quel mystère y a-t-il à cela ?

Le maître.

Mystère ou non, quelle nécessité y a-t-il de te l’apprendre dans ce moment ou dans un autre ?

Jacques.

Aucune.

Le maître.

Mais il te faut un cheval.

Jacques.

L’hôte de cette auberge ne demandera peut-être pas mieux que de nous céder un des siens.

Le maître.

Dors encore un moment, et je vais voir à cela.


Le maître de Jacques descend, ordonne le déjeuner, achète un cheval, remonte et trouve Jacques habillé. Ils ont déjeuné et les voilà partis ; Jacques protestant qu’il était malhonnête de s’en aller sans avoir fait une visite de politesse au citoyen à la porte duquel il s’était presque assommé et qui l’avait si obligeamment secouru, son maître le tranquillisant sur sa délica-