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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VI.djvu/91

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ainsi réduisons la chose à la moitié, et avisez le plus promptement que vous pourrez à me faire transporter chez vous.

Le chirurgien.

Douze sous et demi, ce n’est guère ; vous mettrez bien les treize sous ?

Jacques.

Douze sous et demi, treize sous… Tôpe.

Le chirurgien.

Et vous paierez tous les jours ?

Jacques.

C’est la condition.

Le chirurgien.

C’est que j’ai une diable de femme qui n’entend pas raillerie, voyez-vous.

Jacques.

Eh ! docteur, faites-moi transporter bien vite auprès de votre diable de femme.

Le chirurgien.

Un mois à treize sous par jour, c’est dix-neuf livres dix sous. Vous mettrez bien vingt francs ?

Jacques.

Vingt francs, soit.

Le chirurgien.

Vous voulez être bien nourri, bien soigné, promptement guéri. Outre la nourriture, le logement et les soins, il y aura peut-être les médicaments, il y aura des linges, il y aura…

Jacques.

Après ?

Le chirurgien.

Ma foi, le tout vaudra bien vingt-quatre francs.

Jacques.

Va pour vingt-quatre francs ; mais sans queue.

Le chirurgien.

Un mois à vingt-quatre francs ; deux mois, cela fera quarante-huit livres ; trois mois, cela fera soixante et douze. Ah ! que la doctoresse serait contente, si vous pouviez lui avancer, en entrant, la moitié de ces soixante et douze livres !

Jacques.

J’y consens.