Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/265

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le commandeur.

Que veux-tu dire ? Je t’ai promis ma fortune et ma nièce. C’est notre traité, et il tient.

saint-albin, au Commandeur.

Du moins, grâce à votre méchanceté, je suis le seul époux qui lui reste.

germeuil, au Commandeur.

Je n’estime pas assez la fortune, pour en vouloir au prix de l’honneur ; et votre nièce ne doit pas être la récompense d’une perfidie… Voilà votre lettre de cachet.

le commandeur, en la reprenant.

Ma lettre de cachet ! Voyons, voyons.

germeuil.

Elle serait en d’autres mains, si j’en avais fait usage.

saint-albin.

Qu’ai-je entendu ? Sophie est libre !

germeuil.

Saint-Albin, apprenez à vous méfier des apparences, et à rendre justice à un homme d’honneur. Monsieur le Commandeur, je vous salue. (Il sort.)

le père de famille, avec regret.

J’ai jugé trop vite. Je l’ai offensé.

le commandeur., stupéfait, regarde sa lettre de cachet.

Ce l’est… Il m’a joué.

le père de famille.

Vous méritez cette humiliation.

le commandeur.

Fort bien, encouragez-les à me manquer ; ils n’y sont pas assez disposés.

saint-albin.

En quelque endroit qu’elle soit, sa bonne doit être revenue… J’irai. Je verrai sa bonne ; je m’accuserai ; j’embrasserai ses genoux ; je pleurerai ; je la toucherai ; et je percerai ce mystère. (Il va pour sortir.)

cécile, en le suivant.

Mon frère !