Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/281

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Germeuil.

Ne perdez pas de vue le Commandeur.

Saint-Albin.

Je Vais revoir Sophie ! (Il s’avance, en écoutant du côté où Sophie doit entrer, et il dit :) J’entends ses pas… Elle approche… Je tremble… je frissonne… Il semble que mon cœur veuille s’échapper de moi, et qu’il craigne d’aller au-devant d’elle. Je n’oserai lever les yeux… je ne pourrai jamais lui parler.



Scène X


CÉCILE, GERMEUIL, SAINT-ALBIN, SOPHIE, MADEMOISELLE CLAIRET, dans l’antichambre, à l’entrée de la salle.
Sophie, apercevant Saint-Albin, court, effrayée, se jeter entre les bras de Cécile, et s’écrie :

Mademoiselle !

Saint-Albin, la suivant.

Sophie ! (Cécile tient Sophie entre ses bras, et la serre avec tendresse.)

Germeuil appelle.

Mademoiselle Clairet ?

Mademoiselle Clairet, du dedans.

J’y suis.

Cécile, à Sophie.

Ne craignez rien. Rassurez-vous. Asseyez-vous. (Sophie s’assied. Cécile et Germeuil se retirent au fond du théâtre, où ils demeurent spectateurs de ce qui se passe entre Sophie et Saint-Albin. Germeuil a l’air sérieux et rêveur. Il regarde quelquefois tristement Cécile, qui, de son côté, montre du chagrin, et de temps en temps, de l’inquiétude.)

Saint-Albin, à Sophie, qui a les yeux baissés et le maintien sévère.

C’est vous ; c’est vous. Je vous recouvre… Sophie… ciel, quelle sévérité ! Quel silence ! Sophie, ne me refusez pas un regard… J’ai tant souffert !… Dites un mot à cet infortuné.

Sophie, sans le regarder.

Le méritez-vous ?

Saint-Albin.

Demandez-leur.