Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/434

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grands chagrins était de ne pouvoir guérir M. Beverley de sa manie. M. Beverley, madame, n’est pas un enfant. Après qu’on lui a fait les représentations que l’amitié peut autoriser, tout est dit. Il est vrai que ma bourse ne lui a jamais été fermée. Ma fortune n’en est pas mieux pour cela. Si c’est là ce qu’on veut appeler encourager au jeu son ami, il faut que je m’avoue coupable dans le fait : mais j’avais un autre dessein.

MADAME BEVERLEY.

J’en suis sûre, monsieur, et je vous en ai mille obligations. Mais la nuit dernière où le laissâtes-vous ?

STUKELY.

Chez Wilson, madame, puisqu’il faut vous le dire, et avec des gens qui ne me plaisaient pas. Peut-être est-il encore là ? M. Jarvis connaît l’endroit, je crois.

JARVIS.

Irai-je, madame ?

MADAME BEVERLEY.

Non, il s’en offenserait peut-être.

CHARLOTTE.

Il pourrait y aller comme de lui-même.

STUKELY.

Et sans qu’il soit question de moi, madame, s’il vous plaît. Chacun a son défaut, et j’ai le mien. Le mieux sans doute eût été de cacher le faible de mon ami. Mais je ne sais comme cela se fait, et je n’ai ni secret ni réserve ici.

JARVIS.

Je voudrais bien aller, et voir mon maître.

MADAME BEVERLEY.

Jarvis, allez donc ; mais écoutez-vous quand vous lui parlerez. Songez que je suis son épouse, et qu’il n’a pas encore entendu de ma bouche un reproche.

JARVIS.

Et que ne puis-je le secourir et le consoler !