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Scène IV.

MADAME BEVERLEY, CHARLOTTE, STUKELY.
STUKELY.

Cependant, madame, ne vous alarmez pas trop. Il y a dans la vie un temps où l’homme s’égare, et un temps où il revient de ses erreurs. Peut-être mon ami n’en est-il pas encore au retour… Il a un oncle… Cet oncle apparemment ne sera pas éternel… Il est permis d’entrevoir dans l’avenir, et d’espérer que la perte d’une première fortune aura appris à mon ami à connaître le prix d’une seconde. (On frappe rudement à la porte.)

MADAME BEVERLEY.

J’ai entendu, je crois… on a frappé… Ce n’est pas lui. Non, ce ne l’est pas. M. Beverley ne frappe pas de la sorte… Que ne me trompé-je ! plût au ciel ! Dieu, faites qu’il ne lui arrive rien de mal !

STUKELY.

Et quel mal voulez-vous qu’il lui soit arrivé ou qui lui arrive ? Il est bien, vous serez bien, tout sera bien. (On frappe rudement à la porte.)

MADAME BEVERLEY.

Il me semble aussi qu’on frappe un peu trop rudement… Est-ce qu’il n’y a personne là ?… Aucun de vous ne peut-il aller voir et répondre ?… Aucun de vous !… Qu’ai-je dit ! Je n’y pense pas. Je m’oublie. Je n’y suis pas encore faite.

CHARLOTTE.

J’y vais, ma sœur. Surtout tâchez de vous tranquilliser. (Charlotte sort.)

STUKELY.

Madame aurait-elle quelque sujet particulier d’inquiétude ?

MADAME BEVERLEY.

Non, monsieur. C’est l’état où l’absence de M. Beverley me laisse toujours… Je n’entends point frapper sans craindre quelque fâcheuse nouvelle.

STUKELY.

Vous vous troublez aussi un peu trop légèrement pour une