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Scène VII.

BEVERLEY, CHARLOTTE, MADAME BEVERLEY,
LEUSON.
MADAME BEVERLEY, courant à son mari les bras ouverts.

Ma vie ! mon ami !

BEVERLEY.

Mon amie ! comment vous portez-vous ? Depuis quelques jours je suis un bien mauvais époux.

MADAME BEVERLEY.

Nous voilà réunis ; je vous recouvre ; je vous revois : mes craintes, mes alarmes vont cesser, se perdre toutes dans cet embrassement. Notre ami M. Leuson, que voilà, est un bon ami. Charlotte, c’est à vous de lui marquer notre reconnaissance ; il n’est pas en mon pouvoir, ni de votre frère, de le remercier dignement.

BEVERLEY.

Madame, nous saurons nous acquitter. Monsieur, je ne doute point de l’importance de vos services, et je vous en suis obligé. J’en dirais peut-être davantage, si votre attachement même ne faisait sortir ma folie. Sans mes imprudences, madame n’aurait point été dans le cas d’abuser de votre amitié.

LEUSON.

Elle n’en a point abusé. En agréant le peu que j’ai pu, elle s’est trop acquittée.

CHARLOTTE.

Voilà le sentiment et l’expression de l’amitié.

MADAME BEVERLEY.

Oui, elle double l’obligation en dérobant le service ; mais nous reviendrons là-dessus. Mon ami, je vous trouve bien pensif.

BEVERLEY.

J’ai sujet de l’être.

CHARLOTTE.

Et d’en haïr la cause… Ah ! plût à Dieu !