Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/464

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plus que cette ressource contre la misère que j’ai appelée sur eux. Il faut la leur laisser.

MADAME BEVERLEY.

Quelle est cette ressource ?

BEVERLEY.

J’étais venu, oui, j’étais venu pour les en dépouiller. Non, non, cela ne sera pas. J’oserais… moi… ces diamants… le seul débris qui reste d’une fortune… Au milieu de la tempête je leur arracherais cette planche !… Non, non ! que je périsse, s’il le faut ! mais qu’ils soient sauvés !

MADAME BEVERLEY.

Quoi ! Il s’agit de mes diamants ? Ce n’est que cela. Eh ! mon ami, et pourquoi ne pas s’expliquer plus tôt ? C’est une misère qui ne vaut pas la peine qu’on en parle. J’y verrais quelque prix, cher ami, quand il est question de ton repos ! Je ne serais pas ta Beverley ! Prends-les, cher époux ; recouvre la tranquillité. Je tiendrais à des pierres, à des morceaux de verre, quand il s’agit de ton bonheur ! Ah ! ton bonheur ! Toute la richesse du monde ne me sera jamais rien au prix de ton bonheur.

BEVERLEY.

Femme généreuse ! femme étonnante ! que je suis petit devant toi !

MADAME BEVERLEY.

Laissons cela, mon ami. Je ne les gardais que pour le moment où ils te serviraient. Il est venu. Tiens, les voilà. Accepte-les seulement avec autant déplaisir que je te les donne.

BEVERLEY.

J’acquitterai ce que tu fais pour moi en attachement et en tendresse. Nous serons riches encore. Ton excessive bonté me confond. Mais il est question d’un ami. Pour un ami, que ne ferait-on pas ?… Plus encore. Hélas ! il ne m’a jamais rien refusé.

MADAME BEVERLEY.

Passons dans mon cabinet. Recommandez-lui de bien ménager cette ressource. Nous n’avons plus rien à lui donner.

BEVERLEY.

D’où lui vient cette excellence de caractère ? C’est le ciel qui l’a versée dans son cœur. Le ciel se plut une fois à unir une