Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/483

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nière espérance, une ressource extrême ; mais je n’ai plus rien à vous dire.

BEVERLEY.

Quelle ressource ? quel moyen ? dis. Quel qu’il soit, je le saisis. Je ne saurais me perdre davantage ; je ne saurais descendre plus bas dans le gouffre ; je touche au fond.

STUKELY.

Vous avez un oncle.

BEVERLEY.

Sans doute. Après.

STUKELY.

La tempérance soutient les vieillards, et cependant le jeune héritier meurt de faim.

BEVERLEY.

Je n’entends pas.

STUKELY.

C’est une succession qui vous revient tôt ou tard, qui peut nous donner de l’argent à l’instant, payer nos dettes, et réparer le mal…

BEVERLEY.

Ou envoyer mon enfant à l’hôpital, ou le jeter nu au coin d’une rue.

STUKELY.

Cela est bien vu. Mais que dira-t-on de son père ? Que ce fut un indigne, un misérable, qui s’engagea pour des sommes qu’il ne put acquitter. Il faut aussi réfléchir un peu à ceci.

BEVERLEY.

Il est vrai ; voilà ma honte… Je ne saurais durer. Le passé, le présent, l’avenir m’effrayent. Je suis consumé d’un poison qui me brûle et me tue. Il faut s’achever, je le sens. Où faut-il aller ? à qui s’adresser ? Je suis impatient que tout ne soit abîmé.

STUKELY.

Tout peut revenir… Bates sera votre homme… Il a des fonds immenses, et il en usera bien avec vous.

BEVERLEY.

M’y voilà résolu… Bates, dites-vous ?… Où croyez-vous qu’il soit ? Allez dire à ces gens de là dedans que nous serons à eux dans un moment avec de l’argent. Qu’ils attendent. Revenez et suivez-moi.