de mes forces. J’ai vu sa dissipation sans m’en plaindre ; j’ai vu la misère s’avancer sur moi de tous cotés sans pousser un soupir ; j’ai vu ma fortune renversée, sans répandre une larme… Ces épreuves étaient cruelles ; mais ma passion, ma tendresse me soutenaient… Ah ! Dieu, Dieu !
Voici le moment de montrer du courage et de la patience.
Du courage ? de la patience ? Le cruel ! l’ingrat ! le perfide ! Est-ce la connaissance qu’il a de ce cœur qui l’autorise à le déchirer ? Mais il verra que je puis cesser d’être faible, ressentir des injures et m’en l’aire justice.
Parlons, il en est temps. (À madame Beverley.) Vous en faire justice, rien ne vous sera plus facile.
Comment, monsieur ?
Pardonnez, madame, à mon zèle. C’est son excès qui va m’exposer peut-être à vous déplaire. Suspendez un moment votre juste courroux, et arrêtez vos yeux sur la misère de votre état. Le besoin vous attaque de toutes parts : lui résisterez-vous ? Votre enfant sans éducation, sans secours, va perdre les privilèges les plus avantageux de sa naissance ; votre sœur est ruinée. Des larmes sont l’unique consolation qui lui reste à donner à votre sort et au sien. Vous êtes sans ressource. À qui vous adresserez-vous ? à la commisération de quelques gens de bien ? Hélas ! madame, ce qu’on en obtient est bien peu de chose, et n’est que trop souvent compensé par l’insulte dure et cruelle des autres.
Voilà donc où j’en suis réduite ! Et le moyen de m’en faire justice ?
Il est sûr, si vous l’agréez. Lorsque le serment du mariage est violé, aux yeux du ciel le sacrement est dissous… Un moment, madame… écoutez-moi, et ne vous révoltez point trop