Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/501

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STUKELY.

Eh bien, vis donc pour l’ignominie, la misère et le supplice. Tu veux le forfait, mais tu t’y refuses. Stupide, s’il n’était question que de le ruiner, lu serais prêt à me seconder ; et qu’est-ce que la vie sans la fortune ? Rien. Enlever à un homme sa fortune, c’est le condamner à languir dans la peine et ajouter la cruauté à un long assassinat ; et tu crains de séparer ces forfaits. Adieu ; sortez, scélérat manqué ! Qu’on ne me parle plus de ces demi-coquins : on se perd avec eux tôt ou tard. Bates, ce que vous avez gagné est à vous, gardez-le, et allez vous cacher dans un trou avec votre petit butin. Tirez. Si j’ai des bontés à l’avenir, ce sera pour d’autres qui les mériteront.

BATES.

Mais quelle sera ma récompense ?

STUKELY.

Partage égal de tout ; je le jure.

BATES.

Les moyens ?

STUKELY.

Un poignard et du courage… Il est allé chercher Beverley. Il faut l’attendre dans la rue… La nuit est obscure.

BATES.

Mais après cela, on ne dort plus.

STUKELY.

Pèse le prix. Cela fait, j’ai d’autres propositions à te faire. Envoie-moi Dauson.

BATES.

Je rêve… C’est fait… J’y suis résolu… Adieu. (Il sort.)

STUKELY.

Plus de Leuson, plus d’ennemi, plus de frayeurs. Encore une nuit, et tout sera bien. Allons attendre l’issue là dedans.


Scène VI.

La scène change ; il est nuit sur le théâtre qui représente la rue.
BEVERLEY.

Où suis-je ? où vais-je ?… J’erre comme un proscrit… je porte la malédiction… j’en sens le poids… Je sens à chaque pas les