Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/514

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DAUSON.

Il est vrai ; elle doit m’être étrangère, surtout après les leçons que j’ai reçues de celui qui s’est chargé de ma première éducation : vous le connaissez.

STUKELY.

Tu étais jeune quand je te rencontrai, mais déjà rompu à toutes sortes de crimes : je ne fis qu’employer et perfectionner tes talents… Mais laissons cela ; nous sommes trop avancés pour revenir en arrière… Notre projet est de la scélératesse la plus profonde ; mais il faut le consommer. Leuson est assassiné : voilà un forfait dans lequel nous sommes tous impliqués… Entendez-vous… tous… Le péril est commun… Il faut d’abord s’y soustraire. Ensuite nous nous livrerons à la pitié, et nous plaindrons les malheureux, si nous avons du temps de reste… Beverley vit encore… il est dans le fond d’un cachot ; mais il vit… la misère le réveillera ; il fera ses efforts ; et peut-être rejettera-t-il sur nous le fardeau qui l’écrase… Tout n’est pas fait… il faut agir… il faut se hâter… Bates, ne l’as-tu pas entendu cette nuit disputer et quereller avec Leuson ?

BATES.

Oui, son vieil intendant Jarvis était avec moi.

STUKELY.

Et attestera le fait. Il le faudra Lien. C’est de là qu’il faut partir. Quel poids n’a point, au tribunal des juges le témoignage d’un ami affligé qui dépose malgré qu’il en ait !… Mais ceci n’est pas tout à fait nouveau pour toi ; je t’en ai déjà jeté quelques mots. Leuson et Beverley se seront pris de querelle ; Bates et Jarvis attesteront le fait ; c’est Beverley qui aura tué Leuson. Mais cette affaire est à combiner ; il y faut du temps et de la réflexion : suivez-moi, nous la discuterons mieux là dedans… Surtout, Dauson, plus de faiblesse : le moment de la pitié n’est pas encore venu… Par ici. (Ils sortent.)