Scène II.
Point de nouvelles de Leuson.
Aucune. Hier nous nous séparâmes d’assez bonne heure : depuis, je ne sais ce qu’il est devenu.
Voilà huit heures qui sonnent… je n’y tiens plus.
Demeurez du moins jusqu’à ce que Jarvis revienne. Il a envoyé deux fois nous dire d’attendre son retour.
Loin de lui, je ne saurais plus vivre… Quelle nuit ! La mort me serait moins affreuse qu’une seconde ! Mon pauvre Beverley… combien il aura souffert !… Qu’est-il devenu ? que fait-il à présent ? Cette idée m’ôte le jugement… On vient à minuit ; on me l’arrache ; on le conduit dans une prison ; c’est là qu’il est, sur la terre humide ; de la paille est son lit, une pierre est son chevet : sa femme loin de lui, sa sœur ; personne qui le calme, qui le console, qui l’assoupisse : aucune pensée qui ne le tourmente, qui ne le déchire… Quel sort est le sien !… Ah ! je ne l’aimai point assez. Non, je ne l’aimai point assez. Si je l’avais aimé comme j’ai dû, me l’aurait-on arraché ? nous aurait-on séparés ?… J’en serais morte plutôt… Mais comment cela s’est-il fait ?… comment l’ai-je souffert ?…
Pourquoi vous accuser ? pourquoi m’accuser ? Tout ce que nous pouvions nous l’avons fait. Jarvis a été plus heureux que nous, il a pu le suivre ; il l’aura consolé. Mais il tarde longtemps.