Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/527

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STUKELY.

Le sang de Leuson.

CHARLOTTE.

Cela ne se peut. Infâme ! qu’as-tu dit de Leuson ! Parle, parle vite.

STUKELY.

Vous ignorez le meurtre, le meurtrier ! J’ai cru qu’il vous déclarait…

CHARLOTTE.

Quoi ? quel meurtre ? quel meurtrier ? Ce n’est pas mon frère, ce n’est pas Leuson. Ah ! dis-moi que Leuson vit, et j’embrasserai tes genoux, et je t’adorerai.

STUKELY.

Je vois votre peine, et je voudrais avoir une autre réponse ; mais le fait est public ; il n’y a qu’une voix. Ce n’est point le plaisir barbare de jouir de votre désespoir qui m’amène. Je ne viens point assassiner une sœur, mais sauver un frère. Leuson est mort.

CHARLOTTE.

Ô ciel !… Mais qui est-ce ?… Cela n’est pas ; non, cela n’est pas ; cela ne se peut… Quel mal lui avait-il fait ? quelle offense ? Infâme ! il est vivant, il est vivant, et il me vengera de l’effroi mortel que tu me causes.

MADAME BEVERLEY.

Charlotte, chère amie, un moment de patience.

CHARLOTTE.

Eh, le puis-je ?

MADAME BEVERLEY.

C’est la pitié, dit-il, qui ramène. Le scélérat ! Eh bien ! Leuson est assassiné, et voilà son assassin !

BEVERLEY.

Charlotte, je vous demande un instant de silence… (À Stukely.) Et vous, continuez.

STUKELY.

Non, on peut être entendu. Les murs ont ici des oreilles. La justice interviendrait. Mais voilà un des témoins du crime.