Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VII.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

A ces mots, Rosalie parait accablée. Dorval, qui s'en aperçoit , se tourne vers elle et regardant d'un air plus doux, il continue:


Mais qu'ai-je exécuté que Rosalie ne le puisse mille fois plus facilement? Son cœur est fait pour sentir, son esprit pour penser, sa bouche pour annoncer tout ce qui est honnête. Si j'avais différé d'un instant, j'aurais entendu de Rosalie tout ce qu'elle vient d'entendre de moi. Je l'aurais écoutée. Je t'aurais regardée comme une divinité bienfaisante qui me tendait la main, et qui rassurait mes pas chancelants. A sa voix, la vertu se serait allumée dans mon cœur.


Rosalie D'une voix tremblante. :

Dorval!

Dorval Avec humanité :

Rosalie

Rosalie : Que faut-il que je fasse ?

Dorval : Nous avons placé l'estime de nous-mêmes à un haut prix.

Rosalie : Est-ce mon désespoir que vous voulez?

Dorval : Non. Mais il est des occasions où il n' a qu'une action forte qui nous relève.

Rosalie : Je vous entends. Vous êtes mon ami. Oui, j'en aurai le courage. Je brûle de voir Constance. Je sais enfin où le bonheur m'attend.

Dorval : Ah! Rosalie , je vous reconnais. C'est vous, mais plus belle, plus touchante à mes yeux que jamais! Vous voilà digne de l'amitié de Constance, de la tendresse de Clairville et de toute mon estime car j'ose à présent me nommer.