Non, madame, vous ne vous fâcherez pas.
Et je vous dis, moi, monsieur, que je suis fâchée, très-fâchée de ce que vous en usez avec moi comme vous n’en useriez pas avec cette grosse provinciale rengorgée qui vous commande avec une impertinence qu’on lui passerait à peine si elle était jeune et jolie ; avec cette petite minaudière qui est l’un et l’autre, mais qui gâte tout cela, qui ne fait pas un geste qui ne soit apprêté, qui ne dit pas un mot sans prétention, et qui est toujours aussi mécontente des autres que satisfaite d’elle-même ; avec ce petit colifichet de précieuse qui a des nerfs, non, ce n’est pas des nerfs, mais des fibres, ce qui veut dire des cheveux, dont on est tout effarouché d’entendre sortir de grands mots qu’elle a ramassés dans la société des savants, des pédants, et qu’elle répète à tort et à travers comme une perruche mal sifflée ; avec mademoiselle, oui, avec mademoiselle que voilà, qui vous donne quelquefois à ma toilette des distractions dont je pourrais me choquer, s’il me convenait, mais dont je continuerai de rire.
Moi, madame !
Oui, vous. Il ne faut pas que cela vous offense, ce bel attachement vous fait assez d’honneur.
Il est vrai, madame, que je trouve mademoiselle très-honnête, très-décente, très-bien élevée.
Très-aimable.
Très-aimable ; pourquoi pas ? Aucun état n’a le privilége exclusif de cet éloge que je lui donne quelquefois en plaisantant ; mais je la respecte assez, elle et moi-même, pour n’y pas mettre un sérieux qui l’offenserait.
Mademoiselle, je vous prie, je vous supplie de vouloir bien intercéder pour moi auprès de M. Hardouin.