Il m’a laissée sans fortune et avec un enfant. Je sollicite une pension qu’on n’a pas le front de me refuser.
Et qui vous paraît mesquine. Madame, l’État est obéré.
J’en suis satisfaite, mais je la voudrais réversible sur la tête de mon fils.
À vous parler vrai, votre demande et le refus du ministre me semblent également justes.
Si je venais à mourir, que deviendrait mon pauvre enfant ?
Vous êtes jeune, vous êtes fraîche…
Avec tout cela on y est aujourd’hui, on n’y est pas demain. Tout ce qu’il était possible de mettre de protection à mon affaire, je l’ai inutilement employé : des princes, des ducs, des évêques, des prêtres, des archevêques, d’honnêtes femmes…
Les autres vous auraient mieux servie.
Vous l’avouerai-je ? je ne les ai pas dédaignées.
C’est que tous ces gens-là ne savent pas solliciter.
Et vous le savez, vous ?
Très-bien. Il y a des principes à tout : il faut d’abord s’intéresser fortement à la chose.
Et vous prendriez cet intérêt à la mienne ?
Pourquoi pas, madame ? Rien ne me semble plus aisé. Ils ont des âmes de bronze, il faut savoir amollir ces âmes-là.