Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/191

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Monsieur de Crancey.

Sans balancer.

Monsieur Hardouin.

Sans me questionner ?

Monsieur de Crancey.

Vous questionner ! Regardez-moi bien : lorsqu’il s’agira de finir mon supplice et celui de mon amie, fallût-il signer un pacte avec le diable, me voilà prêt.

Monsieur Hardouin.

Ce n’est pas tout à fait cela ; mais, première condition, point de curiosité.

Monsieur de Crancey.

Je n’en aurai point.

Monsieur Hardouin.

Seconde condition, de la docilité.

Monsieur de Crancey.

Qu’exigez-vous ?

Monsieur Hardouin.

D’ignorer le domicile de ces femmes, de les laisser en repos et de simuler un peu d’indifférence.

Monsieur de Crancey.

Moi ! moi ! simuler de l’indifférence ! Cela est au-dessus de mes forces, je ne saurais ; c’est à m’attirer le mépris de la mère et à faire mourir de douleur sa fille. Je ne saurais, je ne saurais.

Monsieur Hardouin.

Avez-vous oublié la menace de madame de Vertillac ?

Monsieur de Crancey.

Je me soucie bien de ses menaces. Un couvent ! On brise les portes d’un couvent, on en franchit les murs. Monsieur, l’amour est plus fort que l’enfer.

Monsieur Hardouin.

Remettez-vous.

Monsieur de Crancey, en se démenant, en étouffant.

Me voilà remis ; oui, je suis remis.

Monsieur Hardouin.

Vous conviendrait-il que madame de Vertillac, madame de