Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/195

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Monsieur Hardouin.

Sans doute. Ainsi voilà la chose arrangée. Vous ferez la parade, le proverbe, la pièce, ce qu’il vous plaira, à charge de revanche.

Monsieur de Surmont.

Je ne m’entends guère à cela.

Monsieur Hardouin.

Tant mieux ; ce que je ferais ressemblerait à tout, ce que vous ferez ne ressemblera à rien.

Monsieur de Surmont.

Il y aura là de beaux esprits, des gens du monde. Je voudrais bien garder l’incognito.

Monsieur Hardouin.

Je vais vous mettre à l’aise. Si vous réussissez, le succès sera pour votre compte ; si vous tombez, la chute sera pour le mien.

Monsieur de Surmont.

Rien de plus obligeant.

Monsieur Hardouin.

Mais payez le service réel que je vous rends, d’un peu de confiance. N’est-il pas vrai qu’avec toutes ses fantaisies, ses caprices, ses brusqueries, madame de Chepy est fort aimable ?

Monsieur de Surmont.

Je conviendrai de tout ce qu’il vous plaira ; je vous remercierai même si vous l’exigez.

Monsieur Hardouin.

Je n’exige rien, je sais obliger sans ostentation et sans intérêt. Allons, partez.

Monsieur de Surmont.

Verrai-je madame de Chepy ?

Monsieur Hardouin.

Non, si vous voulez rester anonyme. Mais écrivez-lui un billet honnête qu’elle puisse interpréter comme il lui plaira. Moins elle s’attendra à cette marque d’attachement, plus elle en sera touchée. Écrivez là… Comédie, proverbe, parade, impromptu, ce que vous voudrez, pourvu que cela soit bien gai et ne sente pas l’apprêt.