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Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/213

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Monsieur Hardouin.

Peu. J’ai quelque espoir de le voir aujourd’hui.

Madame de Vertillac.

Écoutez-moi bien. Il est devenu collateur d’un excellent bénéfice.

Monsieur Hardouin.

Je le sais ; le prieuré de Préfontaine.

Madame de Vertillac.

Eh bien, le sot marquis ne veut-il pas conférer ce prieuré à un certain abbé Gaucher… Gauchat[1], sulpicien renforcé, à face blême, à cheveux plats, théologien sublime ! Mais que m’importe toute sa théologie, s’il est triste, ennuyeux à périr et sans la moindre ressource dans la société ?

Monsieur Hardouin.

Vous avez raison ; il ne faut pas souffrir cela.

Madame de Vertillac.

Vous emploierez donc tout ce que vous avez d’autorité sur l’esprit du marquis en faveur de l’abbé Dubuisson, garçon charmant, chez qui j’irai faire le reversis qui sera suivi d’un excellent souper. Si la table de l’abbé est délicate, c’est que sa conversation est encore plus amusante. Personne ne sait mieux les aventures scandaleuses et ne les raconte avec plus de décence ; et si je ne craignais d’être médisante, je vous dirais qu’il est excellent chansonnier et le bon, le tendre, l’intime ami de notre intendante, qui se charge en échange des petits couplets de l’abbé.

Monsieur Hardouin.

De Tourvelle connaît-il le Gauchat et votre Dubuisson ?

Madame de Vertillac.

Non. L’un n’est jamais sorti de son séminaire, et l’autre est trop bonne compagnie pour lui.

Monsieur Hardouin.

Il suffit ; à présent venons à votre fille.

  1. Il était de Langres.

          Maître Gauchat pourrait embarrasser
          Tous les rabbins sur le texte et la glose.
    Pucelle, chant XVIII.