Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/218

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Madame de Vertillac.

D’un jeune homme aussi sage, aussi réservé ?

Monsieur Hardouin.

Feu M. de Vertillac ne l’était pas moins.

Madame de Vertillac.

Je ne sais comment cela se fit.

Monsieur Hardouin.

Votre fille le sait encore moins.

Madame de Vertillac.

Mères, pauvres mères, veillez bien sur vos enfants !… Mais il veut que je signe un dédit ; est-il fou ? Ce n’est plus à lui à redouter mon refus ; il me tient pieds et poings liés, et c’est à moi à trembler du refroidissement qui suit presque toujours les passions satisfaites.

Monsieur Hardouin.

Vous voyez mal, souffrez que je vous le dise : de Crancey connaît toute l’impétuosité de votre caractère, et il craint de perdre celle qu’il aime, même après un événement qui doit lui en assurer la possession. Cela est tout à fait honnête et délicat.

Madame de Vertillac.

Où est ce dédit ? vite, vite que je le signe, et qu’on me les mène à l’église… Il était donc écrit que je vivrais avec les Crancey !

Monsieur Hardouin, à un laquais.

Faites entrer M. des Renardeaux.



Scène XIII.


MONSIEUR HARDOUIN, MADAME DE VERTILLAC ; MONSIEUR DES RENARDEAUX, en perruque énorme, le bonnet carré à la main, et en robe de palais.
Monsieur des Renardeaux.

L’affaire m’a paru si pressante, que je suis venu droit ici. La dame Servin…

Monsieur Hardouin.

Mettez-vous là, et dressez-nous un dédit entre une mère qui