Bonne ! Pour mon malheur, je ne le suis que trop.
Eh ! vous voilà dans le costume que j’aurais désiré. Vous êtes, madame, une jeune et jolie veuve qui joue la douleur de la perte d’un mari bourru qu’elle n’aimait pas.
Et vous, monsieur, vous êtes… Laissez-moi en repos.
Vous, monsieur, vous serez, s’il vous plaît, un vieil avocat.
Bas-normand, ridicule et dupé ?
Tout juste, tout juste. Je n’avais pas pensé à le faire bas-normand ; mais l’idée est heureuse et je m’en servirai.
Ne pourriez-vous pas, monsieur, me dispenser de faire en un jour deux fois le même personnage ? car je trouve que c’est trop d’une.
Rond, gros, replet, bien épais ; non, non, je ne pourrais vous remplacer. (À mademoiselle Beaulieu.) Ah ! mademoiselle, je compte que votre rôle vous aura plu, car je vous ai faite rusée, silencieuse, discrète surtout.
Mais il ne fallait pas oublier que j’étais honnête et décente.
C’est une licence de théâtre. Mon ami, j’y suis, tu y es aussi, et voilà ton rôle ; il n’est pas court, je t’en préviens… Tu ne me réponds pas. Parle donc, est-ce que je me serais tué à faire une pièce qu’on ne jouera pas ?
J’en ai le soupçon.
Cela est horrible, abominable.
Elle est peut-être mauvaise ?