Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/249

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Mademoiselle Beaulieu.

Il y a plainte du sieur Des Renardeaux, avocat, juge et partie, contre le sieur Hardouin.

Monsieur des Renardeaux.

Le sieur Des Renardeaux pardonnera au sieur Hardouin, à la condition que ledit sieur Hardouin le mettra, sans délai ni prétexte aucuns, en possession d’une certaine chaise à porteurs, et qu’il subira une retraite de deux mois au moins à Gisors pour n’y rien faire ou pour y faire ce que bon lui semblera.

Mademoiselle Beaulieu.

Il y a plainte du sieur de Surmont, bon ou mauvais poëte, contre le sieur Hardouin.

Monsieur des Renardeaux.

Qu’il paraisse… Quels sont vos griefs ? de quoi vous plaignez-vous ?

Monsieur de Surmont.

De ce que l’on me demande une pièce ; qu’on se fait un mérite d’un service que je rends ; que je m’enferme toute une journée pour faire la pièce ; et quand je l’apporte, qu’on me déclare qu’elle ne se jouera pas.

Monsieur des Renardeaux.

Condamnons le sieur Hardouin, qui a commandé la pièce qu’on ne jouera pas, à une amende de six louis, applicable aux cabalistes du parterre de la Comédie-Française, sans compter les gages du chef de meute, à la première représentation de la pièce que le bon ou le mauvais poëte de Surmont fera et qu’on jouera.

Mademoiselle Beaulieu.

Il y a plainte d’une demoiselle Beaulieu contre les sieurs de Surmont et Hardouin conjointement.

Monsieur des Renardeaux.

Qu’elle paraisse… Quels sont vos griefs ? de quoi vous plaignez-vous ?

Mademoiselle Beaulieu.

D’un vilain rôle, d’un rôle malhonnête. À chaque ligne, à chaque mot ma pudeur alarmée.

Monsieur des Renardeaux.

Condamnons le sieur de Surmont, poëte indécent, à s’ob-