Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/32

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SCENE II.

LES DEUX ENFANTS.

(ils sont assis à terre. L’un tresse un filet, l’autre achève une corbeille. Ils causent à bâtons rompus, comme lorsqu’on travaille.)

LE PLUS JEUNE. Dites-moi donc, mon frère, d’où vient qu’ils sont tous aujourd’hui si tristes ?

l’aîné. Je n’en sais rien…

LE PLLS JEUNE. Est-ce que papa serait mécontent de maman, ou maman de papa, ou tous les deux de Simon ?…

l’aîné.

Oh ! non, ils s’aiment tant…

LE PLUS JEUNE. Avez-vous vu Simon quand il est parti ? Il avait son bonnet renfoncé sur sa tête, il serrait les dents, il avait les poings fermés, il regardait en haut comme font les hommes, quand ils sont en colère.

l’aîné. Je l’ai vu…

LE PLUS JEUNE. Et maman, l’avez-vous remarquée ?… Quand papa vient, elle prend un visage gai ; mais elle pleure quand il n’y est pas.

l’aîné. C’est la même chose de papa. Hier, en rentrant dans la cabane, il essuyait ses yeux avec ses mains, et comme je m’en apercevais, il me dit : Petit garçon, il ne faut pas dire cela à votre mère, entendez-vous !… Aussi je me suis tu…

LE PLUS JEUNE. Certainement ils ont fait quelque chose que nous ne savons pas.