âge de ne fréquenter que d’honnêtes gens. Voilà ce que tu avais à gagner dans la société d’un scélérat. Et pourquoi t’associer aussi à un homme de ce caractère ? Était-ce là celui que ton père aurait choisi pour son compagnon et pour son ami ? Ce digne père qui ne se laissa jamais approcher que des plus distingués personnages de l’armée, que te dirait-il, s’il te voyait avec un Ulysse ?… » Y a-t-il dans ce discours autre chose que ce que vous adresseriez à mon fils, que ce que je dirais au vôtre ?
Non.
Cependant cela est beau.
Assurément.
Et le ton de ce discours prononcé sur la scène différerait-il du ton dont on le prononcerait dans la société ?
Je ne le crois pas.
Et ce ton dans la société, y serait-il ridicule ?
Nullement.
Plus les actions sont fortes et les propos simples, plus j’admire. Je crains bien que nous n’ayons pris cent ans de suite la rodomontade de Madrid pour l’héroïsme de Rome, et brouillé le ton de la muse tragique avec le langage de la muse épique.
Notre vers alexandrin est trop nombreux et trop noble pour le dialogue.
Et notre vers de dix syllabes est trop futile et trop léger. Quoi qu’il en soit, je désirerais que vous n’allassiez à la représentation de quelqu’une des pièces romaines de Corneille qu’au sortir de la lecture des lettres de Cicéron à Atticus. Combien je trouve nos auteurs dramatiques ampoulés ! Combien leurs déclamations me sont dégoûtantes, lorsque je me rappelle la simplicité et le nerf du discours de Régulus dissuadant le Sénat