Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/158

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D’HUEZ[1].


Les quatre bas-reliefs d’Huez, représentant huit Vertus qui portent des guirlandes[2], m’ont aussi paru de grand goût. Et hoc sapit antiquitatem et de caractère et de draperies.

Peut-être y a-t-il de belles choses et parmi les tableaux dont je ne vous ai point passé, et parmi les sculptures dont je ne vous parle pas : c’est qu’ils ont été muets, et qu’ils ne m’ont rien dit.




GRAVURE.


COCHIN[3].


Le dessin au crayon rouge représentant Lycurgue blessé dans une sédition[4] mérite d’être regardé. Le passage subit de la fureur à la commisération dans cette populace effrénée qui le poursuit, est bien rendu. Il y a une diversité étonnante d’attitudes, de visages et de caractères. Cela me semble de grand goût ; c’est un magnifique tableau dans un petit espace. Mais le Lycurgue est manqué ; c’est une figure campée, une jambe en avant et l’autre en arrière. Cette action de montrer du doigt son œil crevé, fût-elle de l’histoire, n’en serait ni moins petite ni moins puérile. Un homme comme Lycurgue, qui sait se posséder dans un pareil instant, s’arrête tout court, laisse tomber ses bras, a les deux jambes parallèles, et se laisse voir plutôt qu’il ne se montre ; toute action plus marquée serait fausse et

  1. Jean-Baptiste d’Huez, reçu à l’Académie le 30 janvier 1763.
  2. Décoration d’un piédestal cylindrique sur lequel devait être placée une urne funéraire.
  3. Charles-Nicolas Cochin, né à Paris le 22 février 1715, académicien en 1751, mort à Paris le 29 avril 1799.
  4. Ce dessin, qui fut alors regardé comme un chef-d’œuvre (Voyez Mercure de France, 16 octobre 1761), était le morceau que l’artiste devait à l’Académie pour sa réception. Il appartient au Louvre.