Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/189

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Ce morceau en tout est d’une très-belle exécution : la figure assise est drapée comme l’antique ; la tête est noble ; on la croit faible d’expression, mais ce n’est pas mon avis. Les pieds et les mains sont faits avec le plus grand soin. Le fauteuil est d’un goût qui frappe ; ce gland qui pend du coussin est d’or à s’y tromper. Rien n’est comparable aux fleurs pour la vérité des couleurs et des formes, et pour la légèreté de la touche. Le fond caractérise bien le lieu de la scène. Ce vase avec son piédestal est d’une belle forme. Oh ! le joli morceau !

On prétend que la femme assise a l’oreille un peu haute. Je m’en rapporte aux maîtres.

Voilà une allégorie qui a du sens, et non pas cet insipide Exercice des Amours de Vanloo. C’est une petite ode tout à fait anacréontique. C’est dommage que cette composition soit un peu déparée par un geste indécent de ce petit Amour papillon que l’esclave tient par les ailes ; il a la main droite appuyée au pli de son bras gauche qui, en se relevant, indique d’une manière très-significative la mesure du plaisir qu’il promet.

En général, il y a dans tous ces morceaux peu d’invention et de poésie, nul enthousiasme, mais une délicatesse et un goût infinis. Ce sont des physionomies à tourner la tête ; des pieds, des mains et des bras à baiser mille fois.

L’harmonie des couleurs, si importante dans toute composition, était essentielle dans celle-ci ; aussi est-elle portée au plus haut degré.

Ce sont comme autant de madrigaux de l’Anthologie mis en couleurs. L’artiste est comme Apelle ressuscité au milieu d’une troupe d’Athéniennes.

Celui que j’aime entre tous est la jeune innocente qui arrose son pot de fleurs. On ne la regarde pas longtemps sans devenir sensible. Ce n’est pas son amant, c’est son père ou sa mère qu’on voudrait être. Sa tête est si noble ! Elle est si simple et si ingénue ! Ah ! qui est-ce qui oserait lui tendre un piège ? C’est la couleur de chair la plus vraie ; peut-être y désirerait-on un peu plus de couleur. La draperie est large ; peut-être la voudrait-on un peu plus légère. Malgré le bas-relief dont on a décoré le pot de fleurs, on dit qu’il ressemble un peu trop, pour la forme, à ceux du quai de la Ferraille.