Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/191

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encore mieux avérée s’il n’y en avait eu qu’un et qu’il eût été jeune. Mais ce n’est pas là le conte.


32. l’aurore qui quitte la couche du vieux titon[1].


Je n’aime pas ce tableau. Titon est d’une couleur vineuse ; de la manière dont il est placé, il a l’air d’un homme qu’on aurait serré entre deux planches. Cette Aurore est terne ; sa draperie ne la fait pas sentir, et ses cheveux sont gris et de pierre.


33. la douce captivité[2].


En revanche, la Douce Captivité est un bon tableau. C’est une femme qui presse une colombe contre son sein. Ce morceau, pour le caractère noble et voluptueux de la femme, la vérité des chairs et l’effet, est digne de Carle Van Loo lorsqu’il ne s’était pas fait une couleur outrée.

Mon ami, si vous retournez au Salon, n’oubliez pas de comparer ce tableau de La Grenée avec l’Athénienne qui arrose des fleurs de Vien.

Vous trouverez dans l’un de la grandeur de forme et de la noblesse. La tête en est coiffée dans le goût antique ; elle est bien dessinée. Mêmes qualités dans l’autre, avec plus de sensibilité ; mais c’est peut-être le mérite du sujet et non de l’artiste. Celle-ci n’est occupée que du plaisir de voir croître des fleurs ; celle de La Grenée a d’autres pensées. La main qui presse l’oiseau est potelée et bien dessinée, toute la figure bien peinte et assez bien coloriée. Vien est plus moelleux et plus doux. La femme de La Grenée vous semblera plus belle ; mais c’est celle de Vien que vous aimerez.


36. le massacre des innocents[3].


Je ne sais, monsieur de La Grenée, ce que c’est que votre Massacre des Innocents : je ne l’ai point vu ; mais j’entends dire qu’il y a quelques beaux groupes, et j’en suis bien aise.

  1. Tableau de même grandeur que le précédent, vendu à la vente même du peintre en 1814.
  2. Tableau ovale.
  3. Dessin de 2 pieds 3 pouces de long sur 1 pied 10 pouces de large.