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accorde de la force et de la fierté de pinceau. Il me semble qu’on n’en parle plus.


ROSLIN ET VALADE.


C’est un assez bon portraitiste pour le siècle. Je parle de Roslin, car je ne connais point Valade[1].

Le premier a peint la Comtesse d’Egmont, fille du maréchal de Richelieu. Le portrait est soigné ; sa robe ne fait pas trop mal le satin. Les chairs sont un peu blanches, le front l’est beaucoup trop, les yeux sont durs, mais peut-être ressemblent-ils. La main qui pose sur la robe est bien coloriée. En général, le tout a l’air blanc ; c’est qu’on a visé à l’éclat et à l’effet.


GUÉRIN ET ROLAND DE LA PORTE.


Je ne connais point le premier, et âme qui vive ne vous en parlera.

Quant à Roland de la Porte, c’est une autre victime de Chardin.

Le peuple s’est extasié à la vue d’un bas-relief représentant une tête d’empereur et peint avec sa bordure sur un fond qui représente une planche. Le bas-relief en paraît absolument détaché ; cela est d’un effet surprenant et le peuple est fait pour en être ébahi ; il ignore combien cette sorte d’illusion est facile. On promène dans nos foires de province des morceaux en ce genre, peints par de jeunes barbouilleurs d’Allemagne, qu’on a pour un écu et qui ne le cèdent guère à celui-ci[2].


Madame VIEN.


Cette femme peint à merveille les oiseaux, les insectes et les fleurs. Elle est juste dans les formes et vraie dans l’exécution ;

  1. Jean Valade, né à Poitiers en 1709, reçu à l’Académie en 17ai, mort en 1787. — Il avait, à ce Salon, plusieurs portraits, entre autres celui de M. Loriot, ingénieur mécanicien, inventeur d’un procédé de fixation du pastel. Le portrait avait été fixé par moitié par son procédé.
  2. Diderot avait été moins dur pour Roland de la Porte dans le Salon de 1761. Ce sont ces divergences d’appréciation qui l’ont fait accuser de se laisser guider par les artistes ses amis qui l’accompagnaient dans ses tournées au Salon. On peut supposer qu’en 1763 l’accompagnateur était Chardin.