celui d’un artiste qui abandonne à un voleur un tableau fini pour une ébauche.
Il y a une fausse délicatesse, sinon funeste à l’art, au moins affligeante pour l’artiste. Un amateur qui reçoit ces juges dédaigneux dans sa galerie les arrête inutilement devant les morceaux les plus précieux ; à peine obtiennent-ils un regard distrait. Ils sont là comme le rat de ville à la table du rat des champs.
... Tangentis maie singula dente superbo.
Horat. Sermon, lib. II, Sat. vi, vers. 87.
Cela est fort beau ; mais cela est toujours fort au-dessous de ce qu’ils ont vu ailleurs. Si c’est là le motif qui ferme la porte de ton cabinet, Randon de Boisset[1], je te loue.
Quel que soit votre succès, attendez-vous à la critique. Si vous êtes un peu délicat, vous serez moins blessé de l’attaque de vos ennemis que de la défense de vos amis.
Rien n’est beau sans unité ; et il n’y a point d’unité sans subordination. Cela semble contradictoire ; mais cela ne l’est pas.
L’unité du tout naît de la subordination des parties ; et de cette subordination naît l’harmonie qui suppose la variété.
Il y a entre l’unité et l’uniformité la différence d’une belle mélodie à un son continu.
La symétrie est l’égalité des parties correspondantes dans un tout. La symétrie, essentielle dans l’architecture, est bannie de tout genre de peinture. La symétrie des parties de l’homme
- ↑ Voyez ce que Diderot dit de ce fermier général, tome XI, p. 271.