LXXII
Non, mademoiselle, non, madame de… n’est point du tout coquette. Il n’y a qu’un imbécile qui puisse se promettre quelque récompense des soins qu’on lui offre et qu’elle accepte ; elle se moque de toutes leurs singeries, et cela est évident ; elle ne cherche point à plaire. Rien de faux dans son propos, rien d’apprêté dans sa parure. Dites-lui comme son mari : « Mais, madame, vos tétons ne reviennent pas » ; et elle répond : « Je m’en consolerais bien, si j’avais des fesses. Faute de ce, je ne saurais aller à cheval sans me blesser ; cela est triste. » Aux observations peu obligeantes qu’elle permet qu’on fasse, et qu’on fait quelquefois assez librement sur ce qu’on voit de sa personne, elle en ajoute même sur ce qu’on ne voit pas ; et je ne me suis jamais aperçu que ces confidences lui coûtassent, fussent-elles peu naturelles, ou qu’elle fût secrètement fâchée de celles qu’on avait risquées, ou de celles qui lui étaient échappées. Une déclaration en forme ne lui plaît ni ne la blesse ; on ne peut pas lui reprocher de l’avoir amenée. Au milieu de l’essaim empressé de ses serviteurs, elle est également tranquille pour tous ; elle ne cherche point à semer entre eux des jalousies, des soupçons, à les réveiller par des préférences : tout cela se fait bien sans qu’elle s’en mêle ; elle est absolument sans manège.
Vous décidez bien vite le second de mes cas de conscience ! On a tout fait pour sa passion, et vous voulez qu’on ne fasse rien pour le bonheur d’un mari, pour la fortune d’une pépinière d’enfants, parmi lesquels peut-être il y en a qui n’appartiennent point au mari ! Il ne s’agit pas d’accroître son aisance, il faut encore s’exposer à perdre celle qu’on a ; et pour répondre à tous vos scrupules, on n’exige la récompense qu’après le service rendu. Piano, di grazia.
Je ne me tiens pas pour battu sur la question des beaux vieillards qui sont, et des belles vieilles qui ne sont pas. Il me semble que vous m’avez très-bien prouvé qu’il y avait égale-