Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/290

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Je ne vous ai pas dit un mot de la santé du malade. Il est plus faible et plus maigre que jamais ; la fièvre est continue, les douleurs sans rémission, les glandes plus enflées ; il y en a même sous le menton de nouvelles ; les maxillaires si grosses qu’il ne peut baisser le bras. Bordeu dit tant pis ; Tronchin dit tant mieux. J’ai bien peur que Bordeu ne soit un grand médecin. Mme Duclos m’a dit que les symptômes et les souffrances étaient précisément comme il les avait prédites. Au reste, il a le plus gai des appartements : les bocages du président Hénault et d’autres sont sous fenêtres ; le massif des arbres des Tuileries au delà.

Eh bien ! la lettre sublime à M. de Saint-Florentin n’a pas été inutile. Il a envoyé, par une croix, quelques louis qu’on a laissés honnêtement sur la cheminée, et promis des secours et une visite en personne. Il n’est donc pas tout à fait inutile de savoir écrire ; et l’éloquence peut briser les pierres.

Je bois du lait le matin, de la limonade le soir ; je me porte bien ; j’en suis surpris ; et le Baron me prouve, par Stahl et Beccher, que j’ai tort d’être surpris.

J’aurais bien encore une autre belle lettre à vous faire voir, un placet de Poinsinet à vous envoyer, votre dernière à répondre ; mais la marge me manque. Rappelez-moi tout cela, avec une fable et un ou même deux contes de ma façon.

Continuez toutes trois de vous bien porter : c’est une des conditions de notre traité. Je reçois une carte dans ce moment ; c’est d’une des demoiselles Artault, qui me charge de vous apprendre la mort de M. Dupérier, arrivée la veille de la fête de la Vierge. Il était mort à deux heures après midi ; à trois, le scellé était apposé.

Mes respects à toutes. Il n’y a pas de place pour davantage.